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vendredi 21 février 2014

Exposition à la CIA, demandez le programme !

Un petit billet pour vous prévenir que l'expo/atelier Immersion (quand, le sous–titre « (en devenir) » prend tout son sens) se tient encore jusqu'au deux mars à la Cité Internationale des Arts (voir billet précédent), et surtout pour vous prévenir du contenu des journées des samedi 22/02 et 02/03 :

Samedi 22 Février :

14h : "Records", performance initiée par Adrien Bonnerot

avec Matthieu Pauget, mathilde Ollitraud-Bernard,

15h : "Motifs photographiques : Le sujet de l'enquête" *

par Tanguy Wermelinger + invité

Table ronde proposée dans le cadre du projet Hans le Malin

16h : "mironton ou barjabulle"

Demo-performance autour de l'outil "free idea"

par Benoit Verjat et Nicolas Couturier

16h30 : Bilan du workshop "ingénierie" sur le système mécatronique du Temporium

avec Oulfa Chellai, Aubrey Clausse, Edgar Servera, Arnaud Gloaguen

présenté par Benoit Verjat et Lia Giraud

Samedi 01 Mars :

14h : " Motifs photographiques : Les outils" *

Par Tanguy Wermelinger et Benoit Verjat

Table ronde proposée dans le cadre du projet Hans le Malin

15h : Performance de Buto en dialogue avec une Image Vivante

par Gyohei Zeitzu

Acteur du film "immersion"

16h30 : Projection de LOW

Film de vidéo danse réalisé par Ludivine Large Bessette

Chef opératrice du film "Immersion"

17h : "Filmer la danse"

avec Alexis de Raphélis, Gyohei Zeitzu, Ludivine Large Bessette et Romain Bigé.

Table ronde proposé dans le cadre du projet "Immersion : En devenir"

Et donc, « (en devenir) », c'est qu'il se passe toujours quelque chose pendant l'exposition.

Je n'ai que peu l'occasion d'y passer, mais lundi, une des salles était habitée par tout un tas de gens s'occupant,

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nombreux avec un ordinateur,

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un fer à souder,

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quelques modules Arduino,

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des bombonnes (d'eau, pour les tests) et des pompes, en vue de faire avancer le Temporium, faisant partie du projet Immersion, à savoir, pour ce que j'en ai compris (en simplifiant exagérément), automatiser le remplissage

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de l'aquarium dans lequel se forment les images

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plutôt que de devoir le faire à la main,

Pour ma part, j'avais amené mon système de reproduction

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en vue de réaliser un nouveau kvardekduptik sur la thématique d'un sujet qui m'est cher, la photo de scène, plus précisément des photos faites au Rock'n Poche, le plus grand festival de rock de Haute Savoie au monde.

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et je suis assez content de cette première étape de reproductions (pour le coup, des duplis de négatifs obtenus directement par traitement croisé, donc des E6, pour une fois développés dans la chimie appropriée ;o), mais, pour brouiller l'écoute, ce sont des négatifs sur un film positif, alors que normalement, partant de positifs, je fais une première série de négatifs sur film négatif (par traitement croisé), mais au final, j'obtiendrais encore des positifs sur film négatif...

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j'aime quand même bien ces bandes noires qui ferment impeccablement l'image...

Et aujourd'hui, c'était Adrien Bonnerot qui faisait le spectacle avec le moulage (je n'étais pas là), démoulage,

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le ponçage

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et l'installation de nouveaux modules à sa pièce centrale, pendant que Lia Giraud

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installait des LED supplémentaires dans un nouveau dispositif algaegraphique, alors qu'en ce qui me concerne,

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je coupais mes films pour les monter sous cache (c'est vraiment ingrat, comme tâche !), en vue de pouvoir les agencer pour composer le kvardekduptik sus–mentionné (il y aura une nouvelle étape de reproduction pour en faire des positifs, même si mes négatifs sont vraiment déjà très chouettes).

Et pendant ce temps là,

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D'étranges mosaïques ornent les vitres de la CIA...

vendredi 14 juin 2013

Retour sur la reproduction (tentative d'explication claire)

J'en ai déjà parlé dans un billet ici, ou encore là, et je sais que quand je l'explique de vive voix, je vois rapidement le regard de mon interlocuteur partir vers le flou, les lointains, je fais ça depuis tellement longtemps que les choses me semblent simples comme de l'eau de roche, claires comme bonjour, mais je vois bien que non, ça a l'air compliqué. Donc, nouvelle tentative d'explication en images :

Une diapositive, toute normale :

Diapo tournesol

Que je reproduis, à l'aide d'un soufflet, sur un autre film diapo, qui devrait normalement être développé dans une chimie appelée E–6, mais qu'en fait je développe en procédé C–41, c'est ce que l'on appelle le traitement croisé (cross processing dans la langue de Buster Keaton);

Négatifs tournesol

Ça a pour effet de donner des négatifs (assez normal, le procédé C–41 est la soupe prévue pour développer les négatifs couleur), une montée en contraste (perte de détails dans les ombres et les hautes lumières), et surtout, en fonction du film utilisé, des variations chromatiques qui peuvent être très importantes, ça dépend de l'émulsion elle même (chaque film a un rendu bien à lui, en particulier pour ce qui concerne l'éventuelle teinte du film, jaune pour une Kodak tungstène –EPJ, EPT, EPY–, magenta pour la E100 VS, vert pour certaines Fuji), mais ça va aussi dépendre de l'âge de la pellicule, de sa durée d'exposition au soleil (au cours d'éventuelles diverses brocantes avant que je l’achète), et probablement d'interactions entre les films et la chimie (le C–41 n'aime vraiment pas développer des films E–6, les laboratoires n'en veulent plus, ou alors, une de temps en temps; d'ailleurs, quand je donne un film à développer, le résultat est assez différent de celui que j'obtiens en le faisant moi–même), voire même du lot de production, Kodak était assez farceur, et faisait discrètement évoluer ses films sans prévenir, quand ils ne changeaient pas le nom tout en produisant la même émulsion.

Ensuite, je rephotographie, toujours avec le même soufflet les négatifs obtenus, en utilisant de préférence un autre film (une autre référence de film) en vue de faire à nouveau varier les couleurs, toujours avec un film diapo développé en traitement croisé, ce qui me donne un négatif de négatif, soit, un positif (comme en maths, moins par moins, ça fait plus) :

Positifs tournesol

Avec des couleurs qui peuvent là aussi varier sensiblement par rapport à l'original, ou pas.

mercredi 1 mai 2013

5³, cinq au cube, c'est le nom d'un nouveau projet, dans la continuité du kiloptyque et du kvardekduptik; il s'agit d'une toute petite pièce, puisque son nom la décrit totalement : c'est un cube de cinq centimètres de côté, en PMMA, avec, en son sein, une diapositive 24 x 36 encapsulée entre deux tranches de silicone.

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Ça fait un bloc d'une taille suffisante pour servir de presse-papier, parfaitement transparent pour que l'on puisse observer l'image qu'il contient, mais le PMMA a des propriétés optiques particulières qui fait des choses rigolotes avec la lumière (les tranches paraissent éclairées de l'intérieur, alors que les faces sont d'une limpidité hyaline, sauf en cas d'accident, volontaire ou non, et le silicone étant quand à lui pur comme de l'eau de source, avec plein de jolies bulles).

C'est donc un petit objet que l'on peut empiler

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pour en faire une forme triangulaire,

mur

un petit muret,

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une sorte de cylindre,

enfin, ce que l'on veut.

Mais l'idée de base ayant prévalu à la naissance de 5³, c'est surtout la possibilité d'agrandir l'image de la diapositive, que l'on puisse mieux en profiter : donc le petit cube va venir s'insérer dans une visionneuse

visionneuse

ou un projecteur (projet en devenir, il faut encore que je trouve des LED assez puissantes pour ça), reproductions des anciens systèmes utilisés pour regarder les positifs, complètement transparents eux aussi, de manière à servir de luminaires. La source lumineuse sera une LED, consommant très peu, de sorte que l'on puisse la laisser allumée en permanence, produisant une lumière froide (comprenez, de température de couleur élevée, soit entre 5000 et 6500° Kelvin, comparable à la lumière du jour) pour le meilleur rendu des couleurs de la photo, avec une durée de vie très longue et qui de plus ne dissipe que très peu de chaleur tout en ne produisant pas d'U.V. préjudiciables à la pérennité des couleurs du film. La dimension choisie (hormis le fait que cinq, c'est un chouette nombre), vient du cache des diapositives 24 x 36, qui mesure cinq centimètres de côté, taille normalisée depuis bien longtemps qui permet(tait) de projeter indifféremment les images verticales ou horizontales ainsi que leur positionnement parfait dans le projecteur. 5³ ne fait qu'ajouter un peu d'épaisseur, de matérialité.

Les premiers essais de coulage sont très concluants, malgré différents problèmes comme l'étanchéité du moule, les bulles, l'état du PMMA, et surtout, le positionnement de l'image, qui doit être toujours au même endroit, pour qu'optiquement, par la suite, il n'y ait pas trop de problème de netteté; et le principal souci : arriver à expliquer au film, qui depuis sa naissance s'enroule autour de son axe, qu'il va falloir qu'il s'habitue à être bien à plat:

films courbés

On voit bien ici, depuis le côté, que les films ne sont absolument pas plats (série « Photons »).

Le toucher de la matière m'a aussi donné envie d'en faire sans « cadre » de PMMA, 100 % en silicone parfaitement transparent :

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le résultat est très satisfaisant et vraiment différent, tant du point de vue tactile que visuel. Je pense continuer dans les deux directions,

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de toute façon, le cube ayant les mêmes dimensions, il s'insèrera tout aussi bien dans n'importe quel dispositif de visualisation ou de projection, le silicone ayant une tendance naturelle à adhérer aux surfaces lisses, c'est juste un poil plus difficile à ajuster, mais de la sorte, il reste bien en place.

dimanche 3 mars 2013

Une archéologie contemporaine.

Ce titre en apparence paradoxal révèle ce que sous–tend mon utilisation des films dans le kiloptyque et mes autres pratiques utilisant des films pour montrer des photographies.

Kiloptyque Ciel à la fenêtre

J'ai commencé à entasser des pellicules E-6 en vue de les utiliser pour faire de la photo de scène, j'en consommais jusqu'à une vingtaine pour une soirée bien chargée. Comme il s'agissait d'une activité bénévole (l'essentiel pour moi étant de prendre mon pied) et donc absolument pas lucrative, je sautais sur tous les lots de films périmés qui passaient à ma portée, surtout à la foire de Bièvres, voire aux puces de Montreuil. Périmés, car en traitement croisé, je ne recherchais évidemment pas les couleurs justes, mais plutôt un grand contraste (pour les noirs profonds), et une bonne quantité d'informations dans les hautes lumières, le tout avec des couleurs bien vives.

Films divers et variés

J'ai très fortement diminué l'activité photos de scène en argentique, les résultats que j'obtiens en numérique ne me donnent pas la même chose, mais je m'en contente, et puis, Bièvres, c'est fini; depuis 2008, y trouver des vielles péloches tient du tour de force, il faut se faire une raison. Avec les catalogues de films inversibles perdant plusieurs références chaque année (quand ce n'est pas la quasi totalité dans le cas de Kodak), mes tiroirs renferment des archives industrielles rares ! L'EPP, la RDP, l'EPJ et l'EPY, la RAP, la RTP et la RSX, l'E100S et l'E100SW, tout un tas de références aujourd'hui disparues (sauf la RAP, mais pour combien de temps encore ?).

Films qui pendent

Chacune avec son rendu bien particulier, son masque (teinte du film) vert, cyan (uniquement chez Fuji), jaune (pour les tungstène), magenta (les E100S et SW) ou neutre (l'Agfa Précisa ou la E100G). C'est ce qui fait la singularité des kiloptyques : les films utilisés pour la première série de reproductions sont presque tous des émulsions différentes, ou au moins, d'un lot (date de péremption) différent, de même pour la seconde série. Avec des émulsions qui n'existent plus depuis longtemps, surtout pour les premières repros (certains films très âgés ont un rendu intéressant à cette étape mais ne donneraient rien de plaisant pour la suivante). J'ai bien employé le pluriel pour kiloptyque, car bien qu'il n'en existe encore qu'un de fini, deux autres sont prêts à être coulés du point de vue photographique : toutes les images ont été reproduites deux fois et elles attendent sagement dans des boîtes de film 35 mm en fer blanc que je trouve le budget pour les enrober dans le silicone et les illuminer de LED.

Mini kiloptyque films

On peut voir dans ces réalisations une sorte d’hommage au génie industriel des fabricants de films, cherchant sans cesse à améliorer le rendu des images, tant du point de vue de la restitution des couleur que de la finesse; héritiers de la tradition de recherche photographique initiée par Niepce et Daguerre pour les prémices, développée (dans tous ses sens) par Fox Talbot, colorée par Cros et Ducos du Hauron, industrialisé (rendu accessible au plus grand nombre) par Eastman et la famille Lumière, leurs successeurs, anonymes, n'ont pourtant pas chômé et à la fin du vingtième siècle (hier), le photographe disposait d'une palette chatoyante et d'une variété spectaculaire. On retrouve bien sûr cette frénésie d'améliorations incessantes avec les appareils numériques, toujours sur les deux mêmes critères, d'ailleurs; mais alors qu'en argentique, il suffit de changer de film pour avoir un rendu complètement différent, en numérique, il faut changer de boîtier ! ce n'est pas le même budget... Et puis, je sort pour un concert avec une vingtaine de films différents dans les poches de mon gilet, je me vois difficilement faire de même en numérique ;o).

Kiloptyque Ciel à la fenêtre jaune

Kiloptyque Ciel à la fenêtre bleu

Ce travail sur les films, au début sans penser à malice, mais aujourd'hui consciemment, c'est un peu une forme de cristallisation, de fossilisation de l'âge d'or de la diapositive, un témoignage; la fin du vingtième siècle, une profusion incroyable de films très variés dans leur rendu, voire leur technologie, comme un bouquet final juste avant l'avènement du numérique. Et la disparition accélérée de cet incroyable savoir–faire durement et patiemment acquis en plus d'un siècle d'histoire de la photographie en couleur. Il ne s'agit pas de regretter une opulence et une abondance révolue, je suis très au courant de ce que permet la photographie numérique, mais une diapositive offre la transparence et l'immédiateté de l'accès à l'image, ce qu'une carte mémoire ou un disque dur ne proposeront jamais : on est dans le réel, le concret, la matière, le palpable...

Kiloptyque Ciel à la fenêtre W 10

mardi 26 juin 2012

Quarante deuxième billet !

Il faut fêter ça !

Bon, vous ne trouverez pas encore quarante–deux articles sur le blog, quelques uns sont des ébauches d'idées sans vraiment encore grand chose à montrer (voire rien du tout) et ne sont donc pas encore publiés. Je ne me suis pas encore résolu à balancer des idées comme ça sur la toile sans avoir un peu cogité dessus, sans qu'il y aie encore de forme qui se dégage, mais j'écris quand même : ça aide de mettre les choses noir sur blanc. Et puis certaines idées n'iront peut–être jamais plus loin que quelques lignes, pas la peine de vous polluer avec ça.

Donc, pour fêter ça, autant parler à nouveau des kvardekduptiks, avec, en images encore, les étapes de la préparation d'une petite série.

Le PMMA nécessite un recuit après la découpe qui génère des tension importantes dans le matériau (surtout pour cette épaisseur, 20 mm quand même), n'ayant pas d'étuve, ça se passe très bien dans un four ménager:

recuit

quatre ou cinq heures à 60 C°, mais je suis presque au maximum pour ce qui est de la taille.

Dans le cas où ça n'aurait pas été fait, le résultat est néanmoins intéressant, très aléatoire et un peu trash :

La matière semble exploser, prête à se briser (et pourtant ça reste solide, bien que forcément fragilisé) après contact avec un solvant (acétone ou le produit de soudage) en suivant les lignes de tensions résultant de la violence de la découpe à la scie circulaire.

Ensuite, la longue étape du ponçage à l'eau, d'abord au grain 80, puis 160, puis au 240, puis au 500, ensuite au 1000, et pour finir au 2000.

Polissage main

ponçage main 320

Ici, la différence entre un chant poncé avec un grain 320 et un brut de coupe (le morceau poncé perdra un peu de transparence au séchage).

Je pourrais aussi essayer de m'en tenir au grain 240 ou 320 et finir au chalumeau (l'opération se nomme « polissage à la flamme », elle est brièvement mentionnée dans le très bon PDF sur l'Atuglass); je suis en pleine période de test et les premiers résultats sont prometteurs quand au rendu qui, bien que moins lisse que le poli main ou industriel, fait retrouver au PMMA toute sa transparence tout en lui donnant un aspect qui fait penser à ces anciennes vitres à la surface imparfaite.

Polissage à la flamme

On voit bien, au centre, la différence entre avant et après l'action du chalumeau, il faut faire très vite, un petit mouvement de balancier de la main, à plusieurs hertz, en essayant de garder toujours la même distance :

avec une flamme à 2800 C°, le PMMA a tôt fait de prendre feu, mais comme on est concentré sur la flamme dure (bleue), la toute petite surface où l'on est en train d'agir, et qu'elle est environnée de flamme molle (jaune), quand on s'aperçoit que ça brûle, c'est en général trop tard !

Bulles

Et quand ça crame, ça fait des bulles... Ce n'est pas laid non plus, un petit côté lunaire qui n'est pas pour me déplaire, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses...

assemblage

Ensuite, on peut passer à l'assemblage du cadre par soudure chimique

protection

(toxique mais je me protège abondamment ;o).

Pour la partie lumière, j'ai prévu de doubler le nombre de LED, en mettre deux rubans de 20 cm par bande de film au lieu d'une seule.

Soit le double de ci–dessus.

La luminosité sera améliorée du côté images, et aussi derrière et de profil, pour la partie luminaire de l'objet.

J'écoute Sunday papers, par Joe Jackson, sur l'album Live at the BBC