Kiloptyque, mais qu'est–ce donc ?

Il s'agit de photographie.

Au début, rien de spécial, juste envie de mémoriser le ciel à la fenêtre, une sorte de catalogue de couchers de soleil.

C'est une série qui a commencé, comme toutes les séries, à mon insu, il s'agit de P.O.C. (Photographie Obsessionnelle Compulsive). Forcément par un coucher de soleil, forcément flamboyant. Continuée sans m'en rendre compte pendant des années.

Et puis, après avoir déménagé, cette série était forcément terminée. Des centaines d'images, sans grand intérêt individuel, si ce n'est de jolis cieux. Les photos originales sont toutes des diapositives 24 x 36, faites avec les meilleurs objectifs possibles et les meilleurs films du moment. Le rendu de ces originaux est magnifique observé à la loupe 6 x sur une table lumineuse.
Mais qu'en faire ?
Comment les montrer ?
Un tirage fait perdre beaucoup de nuances, et surtout, la transparence éthérée du film. Une projection sur grand écran est majestueuse mais la chaleur de la lampe altère rapidement et irrémédiablement le film...

Et comment choisir celle–ci plutôt que celle–là ?
Pourquoi ne pas toutes les montrer d'ailleurs ?
Et puis pourquoi ne pas y intégrer d'autres photos complètement différentes (bien que prises du même lieu), tant par le sujet que par le rendu chromatique, comme des virgules dans une trop longue phrase...

Et c'est devenu une évidence : noyé sous les panneaux publicitaires, écrasé par les centaines de chaînes de TV, les Megapixels des capteurs des appareils photo, les Gigas, puis Teraoctets des disques durs toujours plus nombreux, les Petaoctets d'images en tout genre (du plus médiocre au sublime) visibles sur la toile, une photo seule semble se dissoudre instantanément dans cette masse. L'image au singulier n'est plus.

Après le diptyque, le triptyque, nous sommes à l'ère du kiloptyque.
Kilo pour mille, bien sûr, mais un mille informatique de 2¹⁰, soit mille vingt–quatre. Une matrice de 32 x 32 « pixels ».

Un Peu de technique...

Quelle solution adopter afin de ne pas perdre la transparence du film ?

Montrer des films !

Des duplicatas de diapositives, alors ? oui, mais on perd autant sinon plus de nuances qu'au tirage.

Tant qu'à avoir des pertes d'information et de nuances, tentons la manière violente...

La solution choisie, pour cette première série, c'est le double traitement croisé.

Le traitement croisé est un procédé consistant à développer un film prévu pour faire des diapositives (devant normalement être traité en chimie E-6) dans une chimie prévue pour développer des films négatifs couleur (procédé C-41). On obtient alors un négatif très contrasté avec des couleurs plus ou moins fausses (mais jamais justes). Chaque film a un rendu qui lui est propre. Et ça donne de jolis négatifs :

Amassant compulsivement depuis plus de quinze ans des films E–6 dans le but de leur faire subir cet outrage j'ai dupliqué toutes les diapositives originales sans autre ordre ni méthode que de changer de type de film toutes les trente six vues.

Et rebelote, je duplique les négatifs ainsi obtenus avec le même procédé, en changeant le négatif rephotographié de temps en temps, pour mettre un peu de rythme et de variété (en changeant évidemment à nouveau de type de film toutes les trente six vues). 

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